En cette ère où le siège d’avion devient accessible à un nombre de plus en plus important d’êtres humains, on peut dire qu’il y a autant de façon de voyager qu’il y a de voyageurs.
Parce qu’on veut tous voyager, découvrir le monde, voir un koala, s’emparer de 2 ou 3 wombats. Normal. Ce sont les petits bonheurs de la vie.
Pourtant, le voyage risque d’être différent en fonction de notre posture intellectuelle.
Et si nous cherchions à voyager comme un philosophe, à quoi ça ressemblerait ?
Comme un vieux monsieur moustachu/barbu, qui regarde le ciel à la manière d’un fou ?
Très certainement… Mais encore ? Il doit y avoir autre chose… Comme une sorte de modèle plus inspirant, moins fou (et pas nécessairement vieux)…
En fait, j’ai ma petite idée.
Explorons donc ensemble l’idée que je me suis faite de ce peut être que de voyager en mode philosophe.
Allez ! Partons à l’aventure.
(après votre lecture, vous trouverez une petite checklist en bas de page pour tester si vous pouvez vraiment voyager en philosophe)
Partir avec l’esprit curieux
Vous voyagez ? Devenez comme Dora.
Cherchez à tout savoir de ce monde dans lequel vous vous aventurez. Cela paraît inutile à dire, mais beaucoup voyagent en allant chercher leur version d’un pays, plutôt que de s’ouvrir pour découvrir ce qu’est réellement cedit pays.
L’Inde, ce n’est pas le Canada ou la France avec des mets épicés, ce n’est pas le Livre de la Jungle. L’Inde est ce qu’elle est. Une lande tapissée des excès qui font sa spécificité, qu’il faut découvrir, avec un minimum d’aprioris.
Idem pour la Guadeloupe, le Kazakhstan et le Japon. Et les autres… Mais là, je ne me souviens plus.
Il est important de se rappeler que lorsque l’on voyage, l’on part à la découverte d’un pays. On n’y va pas pour y imposer son « soi », chercher sa propre culture dans un cadre un peu plus exotique.
En restant curieux, on s’ouvre donc à l’inconnu, on accepte cette vision d’un monde nouveau qui peut parfois être choquante. Mais c’est au fond ce qui choque le plus qui permet de nous développer, devenir plus sage, avoir de belles surprises.
Et ce n’est pas cet amour de la sagesse, qui est à la racine même de la philosophie ?
(Je vous donne la réponse, c’est oui!)
Profiter des moments d’errance
L’on a souvent dit que l’intellect s’active en marchant. Le mouvement, lié à la pulsion de vie comme à la naissance des idées, est essentiel pour garder son esprit attentif, plastique. Trop de sédentarité tue la curiosité par l’apathie.
Comme le voyage est à la base un art du mouvement, il faut savoir profiter du momentum initial pour poursuivre son déplacement une fois arrivé à destination.
Découvrir un pays, une région, une ville, c’est s’y déplacer, s’y perdre, partir à la rencontre des gens et des lieux, ou de soi-même. Nietzsche dit que toute idée qui en vaut vraiment la peine est venue par la marche . Certains citeront aussi Steve Jobs, qui avait une conception semblable.
Au fond, la marche fait avancer autant vers les lignes de fuites du monde extérieur que projeter au plus profond de soi-même. Elle est la continuité du voyage lorsque l’on a choisi de s’arrêter à un endroit pour quelque temps. D’une façon presque magique, elle fait effet de porosité entre le JE et l’extériorité.
Et si possible, il faut apprendre à bouger en utilisant le moins possible son GPS. Ainsi, la carte de cet environnement que l’on découvre sera multisensorielle, sociale, biologique, personnelle… au lieu de s’inscrire dans la seule passivité technologique.
Comprendre la valeur du peso dépensé
Ici, le petit moment moralisateur (en même temps, que feriez-vous sur un blogue de philosophe junkie si vous ne souhaitiez pas vous faire faire la morale avec une certaine condescendance, hein?)
Les choix que l’on fait en voyage peuvent avoir un certain coût moral. L’argent (on y revient toujours), on le dépense en voyageant.
Et celui-ci peut avoir un impact sur notre société d’accueil.
C’est de cette manière qu’un bibimbap nord-coréen accompagné de kimchi acheté innocemment, peut se transformer en bibimbap nord-coréen accompagné de kimchi au bon goût de camp de travail/coup de fouet pour un citoyen du pays du Matin calme.
Bon j’exagère avec le camp de travail, mais avec de que l’on peut lire, il semble parfois que ce ne soit pas si loin de la réalité. Parce que votre argent dépensé peut avoir un impact sur le destin d’un peuple/d’une culture.
On dit que dépenser c’est voter. Donc là, en voyageant, non seulement on vote, mais on vote dans un pays qui n’est pas le nôtre.
Tous les pays aux climats politiques « compliqués » ne sont donc pas à proscrire, mais il semble important, à un moment, de se poser la question sur ce que vos dépenses en bidules-souvenirs peuvent représenter.
Se questionner sur le sens réel du voyage
Que recherchez-vous en voyageant ?
Il est évident que la raison initiale pour laquelle on voyage aura une influence sur le déroulement de nos différents périples.
Si une personne voyage en ayant pour but de rejoindre les demoiselles beaucoup trop jeunes en Thaïlande, on s’entend qu’on est à l’opposé du voyage philosophique et -100 en karma-points.
En latin, le mot « via » (dont lequel le mot voyage est aujourd’hui tiré) voulait à la base dire chemin, ou voie.
Le voyage exprime donc étymologiquement une focalisation sur le chemin plutôt que la destination. Le sens que vous donnez à cette route que vous parcourez peut donc faire de votre voyage un voyage philosophique, ou non.
Pour vous, que signifie le retour ?
Quand on « part » en voyage, il est toujours sous-entendu que l’on va revenir à un moment. Parce que oui, lorsque l’on voyage, il y a une destination, et un point de retour.
À moins de « partir », tout simplement; sans l’aspect voyage. Or, même là, certains pourraient arguer que le départ définitif demeure une sorte de retour à quelque chose.
Car on finit toujours par « revenir » quelque part .
Et pour vous, vous êtes-vous demandé ce que signifie le retour ? Ce que vous rapportez de vos différents pèlerinages ?
Certains parlent d’un retour à la routine, une réinscription dans la vie normale. Mais en fonction de ce qu’on a vu, souvent ce n’est pas exactement la même personne qui revient que celle qui était partie…
Au fil des longs voyages, plusieurs partent le sac plutôt plein, et le réduisent en contenu au fil de leurs tribulations. Ils reviennent vidés, en accessoires, mais aussi psychologiquement, et cherchent à se ressourcer à leurs racines.
Inversement d’autres partent légers et reviennent beaucoup plus remplis, en rapportant le maximum.
Il y en a qui reviennent avec le blues du voyageur, et une sorte de feu aux fesses les poussant à repartir aussi vite que possible. Et d’autres reviennent à la fois vidés et remplis. C’était probablement le cas d’Ulysse qui revenait dans son Ithaque.
Et vous, quand vous revenez, comment revenez-vous ? J’espère du moins que vous vous sentez quelque peu changé, car comme le dit Nicolas Bouvier: « le voyage vous fait ou vous défait », il serait donc étonnant que vous y soyez complètement insensible.
Alors ? Vous voyagez désormais en philosophe ?
Voici une petite checklist pour vérifier 😉
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